Au secteur interculturel, une équipe engagée et créative!

Lundi 19 février 2024

Hannah Busing - Unsplash
Sophie Fétu, coordinatrice pédagogique du secteur interculturel

Un vent nouveau souffle au secteur interculturel de la Ligue. Trois nouvelles formatrices-animatrices et une coordinatrice viennent rejoindre deux collègues. Ces six personnes ont en commun leur engagement et leur bel enthousiasme au service du vivre-ensemble et de la cohésion sociale en Région de Bruxelles-Capitale, une mission fondamentale poursuivie par la Ligue depuis 35 ans.

Concrètement, les actions développées par le secteur interculturel de la Ligue ces trois dernières années se concentrent surtout autour des apprentissages du français langue étrangère (FLE) et des processus d’alphabétisation dans six communes bruxelloises1 . Car la crise du COVID a interrompu puis ralenti quelque peu les projets plus culturels initiés autrefois. Mais aujourd’hui, ce secteur se régénère afin de déployer de nouvelles ressources!

Outre de vraies compétences et expertises au sein de l’équipe (voir nos témoignages), les cours de FLE se déploient aussi dans de nouveaux lieux: une école à pédagogie active et des associations pouvant accueillir des adultes autres que les parents d’écoles. Par ailleurs, des visites culturelles – rendues possibles grâce au dispositif Article 27 –, un projet «chorale» à Saint-Gilles et un projet partagé par toute l’équipe (dont on vous parlera très bientôt) animent le secteur dans son ensemble.

Dans ma prise de poste récente, j’ai souhaité mettre cette équipe plurielle en avant. Tout d’abord parce qu’en tant que coach en accompagnement du changement, je sais à quel point les humains ont besoin de reconnaissance et de considération. Ensuite parce que cette équipe travaille dans l’ombre alors qu’elle exerce une mission essentielle: transmettre des outils et des valeurs pour permettre aux personnes les plus démunies de prendre leur place pleine et entière dans notre société. Ces professionnel·les font leur part au quotidien, tels les colibris de la légende…
La langue, instrument humain au service de l’évolution, n’est-elle pas le premier sésame pour ouvrir des portes? Avez-vous déjà voyagé en faisant l’effort de vous faire comprendre par vos hôtes? Tout se simplifie, se fluidifie et vous faites dès lors partie intégrante de cette population qui vous accueille… Personnellement, je développe un programme de formation à l’adresse de femmes marocaines à Casablanca et j’ai un plaisir fou à apprendre le darija. Cela me permet en outre de mieux communiquer avec des personnes d’origine marocaine à Bruxelles!

Mais revenons aux membres de notre équipe du secteur interculturel. Ce qui me frappe, c’est leur implication passionnée, leur soif d’idéal et leur participation intelligente à décloisonner pour tisser du lien universel. Car formateur, formatrices et apprenant·es se parlent, s’interrogent, échangent, se rapprochent, rient, chantent, partagent un café ou des spécialités maison. Tout ce joyeux mélange s’incarne dans le respect des différences et l’envie de construire une humanité plus colorée!

En cela, nos valeurs laïques d’ouverture, d’égalité et de liberté de conscience sont pertinemment transmises par mes collègues que je remercie pour leur travail sans relâche. En tant que formatrice, je sais aussi à quel point enseigner est exigeant.

  • Hanane Cherqaoui

Saint-Gilles
Déclik asbl
Chaussée de Forest, 47

Je suis formatrice-animatrice de groupe alpha/FLE pour la Ligue depuis 2007. D’origine marocaine, j’ai fait des études de littérature française à l’université de Rabat. Je travaille à Saint-Gilles avec des groupes de personnes fragilisées socialement. Ce sont des femmes pour la plupart, immigrées, originaires du Maroc, de Turquie, d’Albanie, de Syrie, du Pérou, etc. Ce qui m’anime dans ce travail, c’est d’abord la transmission, le contact humain, le tissage de liens et l’enrichissement mutuel. Vient ensuite mon amour pour la langue française.

Dans nos groupes, nous sommes confronté·es tous les jours à des personnes qui sont d’abord en recherche de liens sociaux pour rompre leur isolement, souvent lié à la barrière de la langue. Elles ont besoin d’être soutenues dans leurs démarches administratives, leur recherche d’emploi, l’organisation et la prise de rendez-vous, la connaissance des institutions et associations de leur quartier susceptibles de les aider. Ces personnes ont besoin aussi d’être soutenues dans leur rôle de parent, pour lire un journal de classe ou participer à une réunion d’école par exemple.

Ma méthode de travail consiste à leur donner un maximum d’outils, à diversifier les supports et à organiser des rencontres, des échanges et des sorties culturelles. Toutes nos activités sont prétextes à l’apprentissage de la langue. Mon rôle consiste à les valoriser d’abord dans leurs capacités, à les aider à devenir autonomes et à renforcer leur confiance. C’est un travail très enrichissant et humainement très valorisant. Je le fais avec un plaisir et une joie immenses parce que je reçois de mes apprenant·es autant que je leur donne!

  • Maika Larrue

Laeken
École du Tivoli
Rue Claessens 59

Bruxelles-Ville
École du Canal
Rue du Canal, 57

J’enseigne le français depuis plusieurs années et ce dans différents contextes. Depuis 2016, j’assure des cours en cohésion sociale à Molenbeek et je remplace actuellement une formatrice de la Ligue pour plusieurs mois. Le public est composé essentiellement de femmes de différentes nationalités: Marocaines, Ukrainiennes, Bulgares ou encore Russes. Au sein des écoles primaires où sont scolarisés leurs enfants, elles ont accès à un cours de français de niveau débutant, neuf heures par semaine.

En classe, on travaille les bases du français, surtout à l'oral, pour pouvoir communiquer dans des situations de la vie quotidienne: aller chez le médecin, parler avec les institutrices, aider ses enfants à faire leurs devoirs ou simplement demander son chemin. Les heures de cours sont aussi un temps où l'on peut s'entraider, partager un souci ou demander une aide pour déchiffrer des courriers administratifs.

Ce qui m’anime, c’est bien sûr la transmission d’outils linguistiques qui permettent de comprendre et se faire comprendre, mais c'est aussi la création d'un espace de confiance où chacune peut s’exprimer, partager ses inquiétudes et ses réussites, se donner de la chaleur et de la force dans un quotidien éloigné de son pays d’origine, parfois de sa famille aussi.

  • Véronique Léonard

Molenbeek
Maison des Cultures
Rue Mommaerts 4

Etterbeek
École La Farandole
Chaussée Saint-Pierre, 193

C’est en tant que photographe que j’ai découvert les groupes alpha. Ce public m’a touchée par son accueil et son envie d’apprendre, de partager. J’ai suivi trois ans de formation pour devenir formatrice en alphabétisation et j’exerce ce métier depuis bientôt 16 ans.

C’est toujours avec le même attrait que je retrouve mes groupes d’apprenant·es car il s’agit avant tout d’une aventure humaine: aller à la rencontre des personnes avec qui on va travailler, écouter leur histoire, leur parcours, et aussi comprendre leurs envies et leurs besoins pour pouvoir y répondre.

Comme l’on peut apprendre une langue au départ de n’importe quel sujet, autant passer par les centres d’intérêt de son public, il n’en apprendra et ne retiendra que mieux si le propos l’intéresse ou lui est utile. Et quelle récompense pour moi lorsque le groupe demande à parler d’un sujet ou pose des questions autour du thème travaillé, c’est que j’ai réussi à l’intéresser!

Être formatrice alpha, c’est aussi faire partie du groupe, créer une bonne ambiance où l’on éprouvera du plaisir à se retrouver et à apprendre ensemble. Car j’apprends au contact des groupes sûrement autant que je leur transmets. Les moments d’échange, de discussions à bâtons rompus sont de vrais moments de partage humain, culturel et de savoirs.

Quelle joie aussi de voir les progrès des apprenant·es. Quelle satisfaction quand une personne réutilise correctement ce qu’elle a appris quelques temps auparavant, quand une autre me dit qu’avant, elle n’osait pas parler en français et que maintenant, «cela marche». Quel bonheur quand une personne en alpha arrive à lire les premiers mots, puis les premières phrases et qu’elle comprend ce qu’elle lit! Ce sont nos petites victoires et nos petits bonheurs du quotidien…

  • Hossein Malekian

Schaerbeek
École René Magritte
Rue Van Oost, 46

Anderlecht
A-Lem Trait D’Union
Rue Odon, 27

Je suis Iranien et vis en Belgique depuis décembre 2019. Avant mon arrivée, j'étais guide-conférencier en charge de publics francophones pour des circuits touristiques en Iran. En basse saison, quand je n'avais pas de groupes de voyageurs, je donnais déjà des cours de français à des Iraniens qui souhaitaient émigrer au Québec ou en Europe. J'avais donc eu l'occasion d'enseigner le FLE à des adultes professionnels désireux de changer de vie.

Ici, c'est tout différent dans le sens où j'ai moi-même dû traverser les procédures d'intégration en Belgique. Etant passé par là, je me trouve à la bonne place pour accompagner ces publics qui arrivent, car je peux imaginer leurs difficultés immédiates dans leur nouvelle vie quotidienne.

Enfin, ayant appris le français à l'âge adulte, je connais les difficultés de l'apprentissage de la langue française. En Iran, j'ai suivi la formation en FLE, et j'exploite actuellement dans mes cours de nombreuses méthodes et des manuels utilisés moi-même en tant qu'apprenant.

Ce qui m'anime? Voir ces personnes progresser dans la langue alors qu'elles ont commencé de zéro. J'observe que l'enseignement a un impact immédiat sur leur vie. C'est gratifiant pour moi, autant que c'est important pour eux. C'est le meilleur job que je puisse exercer en Belgique!

«La magnifique richesse de ce métier, c’est le rendez-vous “du donner et du recevoir”, l’enrichissement permanent pour les deux parties.»

  • Françoise Santos

Molenbeek
Ecole secondaire Plurielle (Karreveld)
Chaussée de Gand, 615

Je viens du Bénin, un pays francophone ouest-africain. Je suis professeur d’anglais de formation et mon premier public cible était des élèves du secondaire, une expérience qui a duré 17 ans. A mon arrivée à Bruxelles, j’ai eu la chance de continuer à partager mon savoir avec un public d’âge plus mûr, des adultes venant de divers horizons et continents avec leurs expériences de vie…. Cette page FLE est en cours depuis 2006.
Il n’y a pas de vie, d’évolution et de progrès sans la transmission. J’adore enseigner, partager, transmettre mon savoir. Je souhaite surtout mettre en avant la magnifique richesse de ce métier, qui est pour moi le rendez-vous «du donner et du recevoir», l’enrichissement permanent pour les deux parties. Mais notre public cible ne se doute pas vraiment de ce qu’il nous apporte comme richesse sur le plan humain, culturel et personnel.

Notre rôle est d’aider les apprenant·es à acquérir l’instrument essentiel qui leur permette de prendre leur place dans notre société où l’on prône le vivre-ensemble, afin de pouvoir jouer leur rôle de citoyen·nes à part entière. Personnellement, à leur contact, j’ai beaucoup grandi et j’affirme que ces personnes m’ont permis de m’améliorer tant dans mon travail que sur le plan humain.

Et c’est toujours très gratifiant de rencontrer des ancien·nes apprenant·es qui vous reconnaissent en rue ou dans les transports en commun, qui vous saluent parfois avec effusion et qui vous assurent assumer seul·es leurs démarches administratives (à la commune, au CPAS, à l’hôpital, chez Actiris) ou même travailler en partie grâce à votre aide.

  • Sophie Fétu

Coordinatrice pédagogique du secteur interculturel à la Ligue depuis peu, j’ai 30 ans d’expérience dans le secteur non marchand et public, et ce tant en Belgique qu’à l’étranger (Inde, Balkans, Luxembourg, France, Maroc notamment). J’ai grandi en Côte-d’Ivoire et je nourris depuis l’enfance la certitude qu’un monde interculturel est plus beau et riche qu’un monde monochrome.

Après un master en Sciences politiques (ULB) et de longues années à gérer des projets et des équipes, je suis coach et formatrice en développement personnel et professionnel depuis 2006. Je développe aussi une activité de professeur de yoga et d’autrice qui participent au bien-être individuel et collectif. Aujourd’hui, je souhaite offrir mes outils, mon éthique et mon efficacité bienveillante au service d’une formidable équipe de terrain!

Photo: Hannah Busing - Unsplash

  • 1Anderlecht, Bruxelles-Ville, Etterbeek, Molenbeek, Saint-Gilles et Schaerbeek.

Mar 2024

éduquer

184

Du même numéro

Des nouveautés pour nos stages résidentiels 2024!

Cette année, la Ligue vous réserve de belles surprises au programme de ses stages résidentiels.
Lire l'article

Numériques à l’école fondamentale: Quelle place au regard du développement de l’enfant?

La transition numérique s’accélère et s’homogénéise au sein de l’enseignement obligatoire. Dans ce contexte, il nous parait indispensable de réfléchir à la place qui est faite à ces outils et ces prat...
Lire l'article

«Bientôt, des intelligences artificielles remplaceront les profs!»

Si on croise la problématique de la pénurie d’enseignant·es avec l’omniprésence des outils numériques dans les écoles, on pourrait envisager de remplacer certain·es profs par des intelligences artific...
Lire l'article

Articles similaires